L'eSPRiT eST Le CaVaLieR ...

5000 m en Himalaya…

 L’esprit est le cavalier, le souffle est la monture

Partons très haut, dans les hauteurs himalayennes…

Pas régulier, paysage grandiose dans lequel je me fonds…

Nulle autre pensée que regarder, écouter. Ma vie est  simplicité, je marche !

Et je respire !

Enfin j’essaie. Car ici  à 5000 m,  et même plus, mes poumons ne font pas le plein d’oxygène. Ils  me le rappellent à la moindre accélération, à la moindre pichenette de côte.  La nature a mis  mon corps au pas. Alors je marche, je regarde et  préserve mon souffle, mon épargne, mon trésor. Je le perds… je le remets dans le ventre. Toujours le ventre. Il calme le tambour du cœur, me remet sur le chemin.

 Le souffle est ma monture.

Autonome, il est loi et maître. Il gratifie ou  sanctionne. « Écoute le, apprivoise le, donne lui l’envie de te porter » me dit une petite voix.

 J’expérimente l’harmonie du corps et de sa monture… le souffle.

Et hop, voilà que je recommence à vouloir rattraper le guide ou le muletier, qui eux, gambadent à l’aise… Youps, le souffle redit : stop ! C’est frustrant car je suis en forme, les jambes elles, vont bien.

L’expérience va tout de même mater mon état d’esprit. « Mental calme toi ! Cool. La vie a le temps.  Tu sens bien que si tu marches avec ton souffle, tout va bien. Tu sens bien que si tu veux autrement, si tu décides autrement, tu flanches ! » Le discours avec moi-même s’enclenche.

Ma volonté a fini par admettre qu’elle devait lâcher.  Le mental et le souffle, nul doit être l’esclave de l’autre. L’union profite au bien-être, à la performance.

 Me revient alors une pensée zen : « L’esprit est le cavalier, le souffle est la monture ».

Faute de l’avoir vraiment éprouvée, je ne l’avais pas encore intégrée. Et voici que mon passage dans ces hauteurs extrêmes, m’offre une compréhension encore plus fine du corps.

Jusqu’ici,  je parlais du corps et de l’esprit et enseignais que la respiration est le premier lien entre les deux. Maintenant je serais bien tentée de dire Esprit et Souffle et de donner encore plus d’importance à la respiration. Régler le souffle*, recentre bien plus rapidement le corps, l’équilibre plus sûrement.  Et pendant que l’esprit est occupé à le placer et le rythmer, les jambes avancent.

• En philosophie Zen on parle de souffle et non pas de respiration mais le souffle est également lié à la notion d’énergie. Toute une école de soi.

Chronique Himalayenne de Catherine Manchon -  Été 2011